Hypnose, une pratique historique et l’apport des neurosciences

L’hypnose (ou l’usage d’un état de transe) est une pratique tout à fait ancestrale. On peut rapporter déjà des états de transes dans de nombreuses civilisations anciennes, la civilisation sumérienne par exemple (avec ou sans usage de plantes psychoactives, associés à des chants ou musiques rythmées et des mouvements répétitifs (on pourrait appeler actuellement ces phénomènes comme des focalisations, des routines, amenant à la confusion et dissociations).


Au cours des siècles, l’usage des états de transes s’est poursuivi avec des moments où l’hypnose fut en grâce et d’autres en disgrâces. On peut évidemment rappeler puis Sigmund Freud neurologue autrichien de formation (et évidemment inventeur de la méthode psychanalytique) pour qui - à la suite de Jean-Martin Charcot neurologue français - au cours de sa carrière l’hypnose (et plus précisément la « suggestion ») eut une grande importance.

Au cours de nos XXème et XXIème siècles, l’hypnose a pu réacquérir ses lettres de noblesses à l’épreuve des méthodes empiriques et scientifiques sur lesquelles notre civilisation et notre médecine allopathique se fondent. Avec l’essor (notamment à partir des années 90) des neurosciences et des techniques d’imageries cérébrales fonctionnelles (usage de l’IRMf : imagerie par résonance magnétique fonctionnelle), nous en savons plus sur les phénomènes de l’hypnose. Et ses connaissances croissantes viennent valider et préciser les connaissances empiriques, les observations cliniques déjà acquises sur l’état hypnotique.


L’hypnose : un état de conscience modifiée.

En effet, si nous savons et expérimentons que l’état hypnotique n’est pas un état de conscience habituelle, il est aussi toujours bon de nous rappeler qu’il n’est pas non plus un état de sommeil. Et l’imagerie fonctionnelle nous montre bel et bien que ce ne sont pas les mêmes zones cérébrales qui sont en fonction lors du sommeil et lors de la transe hypnotique. Les études à partir de électro-encéphalogramme montrant que les tracés enregistrés sont différents de l’état de sommeil , confirment également que « l’hypnose est un processus cérébral différent de la veille et du sommeil, caractérisé par un état de relaxation et d’hyperconcentration soutenue. C’est un état de conscience modifiée ». 

Ces affirmations qui peuvent au premier abord apparaitre paradoxales : l’hypnose n’est pas le sommeil, l’hypnose n’est pas l’état de veille habituel, l’hypnose est un état de conscience modifiée. D’autres phénomènes tel que les modifications des flux sanguins dans telle ou telle zone cérébrale viennent également abonder dans ce sens. Aussi selon Pierre Raville et Donald Price (2004), « les changements neuronaux associés à une relaxation mentale pendant l’hypnose sont congruents avec une réduction de l’inhibition des représentations mentales et neurologiques mises en concurrence. Ces changements sont à rattacher à la diminution du contrôle et de la censure comme décrits (...) dans la phénoménologie de l’état de transe. »

A l’issue de détour par les neurosciences pour mieux connaitre et comprendre les phénomènes ici neurophysiologique en action dans la transe hypnotique, nous pouvons nous redire ce qu’est pour nous une hypnose thérapeutique. A savoir, un état de conscience modifiée propice à l’apprentissage, à la détente profonde, à l’activation de nos ressources personnelles et au travail sur nos associations (parfois pénibles) comportementales et émotionnelles. Pour aller plus loin, je vous conseille le petit ouvrage tout à fait accessible et plein de ressources dans la célèbre collection Que sais-je, d’Antoine Bioy, l’Hypnose . 4




Mathieu Cosset, Praticien en hypnose


1. Tebecis et alii, 1975

2. Sous la dir. E. BARBIER et R. ETIENNE, Hypnose en soins infirmiers, Dunod, 2020, p.45 Rainville P. et Price D.D., « The neurophenomenologyl oh hypnosis and hypnotic analgesia »,

3. Seattle WA, IASP Press, 2004

4. Bioy A., L’hypnose, coll. Que sais-je, 2ème Ed., PUF, 2020