Addictions : peut-on hypnotiser le craving ?

Les addictions peuvent se définir comme « un « rapport pathologique qu’un sujet entretient
avec une substance ou un comportement » (Rozaire, Landreat, Grall-Bronnec, Rocher et
Vénisse, 2009, p.11).

Toutes les addictions ont en commun le craving, cette « envie irrépressible de consommer une substance ou d’exécuter un comportement gratifiant alors qu’on ne le veut pas à ce moment-là. » (Auriacombe, Serre, et Fatseas, 2016). En addictologie, le craving est devenu un concept central, car il présente un intérêt de recherche, un intérêt diagnostique, un intérêt pronostique et un intérêt thérapeutique.


Intérêt de recherche : son étude permet aux scientifiques de mieux comprendre le phénomène de l’addiction.

Intérêt diagnostique : le craving fait partie des indicateurs de l’addiction. Il fait partie des 11 critères définis par les DSM 5 pour les Troubles de l’Usage. (Voir annexe)

Intérêt pronostique : le lien entre des mesures de craving élevées et les rechutes sont attestées par de nombreuses études (Enkema, Hallgren, et Larimer, 2020 ; Auriacombe et al., 2016 ; Auriacombe, Fatséas, Daulouède, Tignol, 2018).

Intérêt thérapeutique : d’une part, le craving est très inconfortable pour les personnes présentant un trouble de l’usage quand elles désirent s’abstenir de consommer et, d’autre part, une meilleure gestion du craving permet d’éviter les rechutes.


Trois caractéristiques du craving


1 – L’intensité du craving est variable. Si on évalue le craving sur une échelle de 0 à 10, on s’aperçoit que son intensité est variable. Une même personne peut ressentir des craving élevés comme des craving faibles

2 - Le craving ne dure pas. Cette envie, aussi irrépressible qu’elle soit, a une durée de vie limitée. En règle générale, la durée du craving se situe entre quelques secondes et 30 minutes.

3 – Après un certain temps d’abstinence, le craving diminue en fréquence comme en intensité. Qu’est-ce qui provoque le craving ?



Trois facteurs principaux sont susceptibles de déclencher le craving :

 

- l’exposition à l’objet addictif : la marque de sa boisson en rayon, une ligne de coke sur une
table…
- des stimuli associés : matériels, lieux, amis...
- des causes internes : le stress, la tristesse ou même un état d’excitation ou de joie intense.

 

Comment gérer un craving ?


Tout d’abord en l’identifiant, en évaluant son intensité ce qui permet de le circonscrire, puis en le remettant à sa juste place, c’est-à-dire une pensée automatique liée à un comportement répété. En effet, le craving est le résidu d’une conduite addictive, la fumée qui s’échappe d’une bougie éteinte. Identifier également les facteurs induisant le craving permet de mettre en place des stratégies d’évitement ou de substitution. Même si, in fine, la gestion du craving résulte d’un travail personnel, l’accompagnement d’un professionnel s’avère très utile durant au moins les premières semaines.

Grâce à l'hypnose, le craving n'est plus une fatalité. Bien qu’il s’agisse d’un phénomène conscient - le craving est verbalisable par la personne qui le ressent -, ses manifestations physiologiques (augmentation de la fréquence cardiaque, de la tension, diaphorèse...) impliquent qu’il existe également une composante inconsciente (Morissette, Ouellet-Plamondon et Jutras-Aswad, 2014). Parce qu’elle permet d’agir sur les dimensions conscientes et inconscientes du craving, l’hypnose s’avère un outil thérapeutique parfaitement adapté. Sur les dimensions conscientes, l’hypnose aide à contrecarrer le craving en mettant en place des stratégies d’évitement pour éviter qu’il ne se manifeste et des parades quand il se présente.

Sur les dimensions inconscientes, elle permet d’ «endormir» le craving ou de le «tromper» en permettant de switcher sur une pensée positive dès son apparition.


Edgar Smadja
Hypnothérapeute
Site : edgarsmadja.com
Prise de RDV : Doctolib