Au CHU de Rouen, les opérations se pratiquent sous hypnose : « Ça humanise le soin »

Le docteur Delphine Provost a amené l'hypnose au CHU de Rouen en 2012. Depuis, la pratique ne cesse d'intéresser les services. Dernier en date, celui de chirurgie vasculaire.

L'hypnose se pratique au CHU de Rouen (Seine-Maritime) depuis de nombreuses années, pour soulager les patients lors d’interventions chirurgicales. Les personnes souffrant de varices peuvent aussi désormais se faire opérer sous hypnose. Selon le docteur Pascale Thomas, chirugienne vasculaire, 20 % des opérations se font à l’aide de cette technique. Les avantages sont nombreux pour les patients et les soignants.

« Pour moi l’hypnose, c’était Messmer »

L’hôpital Charles-Nicolle est reconnu pour cette pratique maintenant bien éprouvée. Tout est parti d’une femme : le docteur Delphine Provost, âgée de 61 ans, anesthésiste obstétricale, mais surtout pionnière en la matière. C’est elle qui a amené l’hypnose dans les blocs opératoires. 

 

Il y a 15 ans, le Dr Provost n’aurait pas mis une pièce sur cette technique. « Pour moi l’hypnose, c’était Messmer [artiste québécois, ndlr]« , sourit le médecin anesthésiste. Et puis, au hasard d’une formation, elle découvre cette discipline, et avec elle son spécialiste français, le Rouennais Yves Halfon. Convaincue, Delphine Provost obtient son diplôme en 2012. Depuis, elle ne cesse de convaincre les différents services du CHU.

 

 

Près de 300 soignants formés au CHU

Depuis 2015, pas moins de 14 sessions de formation ont eu lieu en lien avec l’institut Milton H. Erickson de Normandie (IMHEN) d’Yves Halfon, dans lequel elle est maintenant formatrice. Au sein de l’hôpital, près de 300 soignants — médecins, infirmiers, manipulateur radio… — sont maintenant formés à cet « outil extraordinaire ». Et depuis les travaux du professeur d’anesthésie belge Marie-Élisabeth Faymonville, l’efficacité scientifique n’est plus à prouver.

 

Plusieurs interventions chirurgicales peuvent se réaliser entièrement sous hypnosédation, c’est-à-dire sans aucune anesthésie générale : fibroscopie, pose de cathéter veineux ou encore coloscopie. « C’est quand même bête de pratiquer une anesthésie générale pour une coloscopie, alors que ça fonctionne très bien sous hypnose », insiste Delphine Provost.

 

Une hypnosédation qui peut également intervenir, plus rarement, pour les patients qui, pour des raisons médicales, ne peuvent pas subir d’anesthésie. Le docteur Provost a déjà accompagné plusieurs patientes pour une ablation du sein grâce à cette technique.

 

Mais la plupart du temps, c’est l’hypnose médicale qui est effectuée, en complément des sédatifs et antalgiques. Cela permet d’injecter beaucoup moins de produits lors de l’intervention. Sa méthode : faire revivre un souvenir agréable guidé par les voix et les suggestions du praticien.

« Il n’y a rien de magique »

Pour le patient, c’est un confort apprécié, comme en témoigne Armel, opérée de la cataracte :

"Mme Provost m’a emmené dans les bois, au milieu des papillons et des arbres. On reste conscient, mais on est ailleurs. C’est vraiment très bien.

 

« C’est un état de conscience modifié. Il n’y a rien de magique. Plusieurs fois par jour, chacun de nous se met en hypnose. C’est le moment où notre corps mobilise des ressources pour se sentir mieux. Naturellement, notre corps est protecteur de lui-même, mais trop souvent, on l’empêche de s’exprimer », explique le docteur Provost.

« Un remède contre le burn-out »

Un bien-être pour les patients, mais aussi pour le personnel soignant. Delphine Provost assure que l’hypnose « change les relations entre soignants, parce que tout le monde joue le jeu. Le bloc opératoire est bien plus cool ». L’anesthésiste en est convaincue : « C’est un remède contre le burn-out. L’hypnose permet d’humaniser le soin, là où nous avons de plus en plus recours aux robots et à la mécanique. »

 

VIDÉO. Reportage effectué par le service communication du CHU de Rouen :

 

  

Article relayé par rédaction de Actu.Fr

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