Chantal Wood a répondu à l’invitation du Centre hospitalier arédien pour parler d’hypnose

Chantal Wood, pédiatre de formation, médecin au centre de la douleur chronique au CH Dupuytren, et consultante au Centre hospitalier de Saint-Yrieix, animait mardi soir, une conférence sur la prise en charge de la douleur grâce à l’apport de l’hypnose.

Devant un public averti et fourni, cette ancienne chef de clinique au Centre de la douleur de l'hôpital Robert-Debré en Ile de France, cette nouvelle haut-viennoise avait répondu à l'invitation de Fabienne Guichard, la directrice du Centre Hospitalien arédien. Lequel hôpital s'intéresse depuis de nombreuses années aux approches « différentes » en matière de gestion de la douleur. 

 

Chantal Wood a été formée par un ponte de la question, le docteur Jean Bruxelle et par Didier Michaux, créateur de l'Institut français d'hypnose. Pour autant, elle ne pratique pas la langue de bois. Son vocabulaire, direct, souvent imagé, voire fleuri, traduit la passion du médecin pour cette approche qu'elle pratique depuis plus de deux décennies. « Comment faire pour être moins prisonnier de la douleur ? Comment moins la percevoir et moins l'écouter ? ». C'est à ces questions que répond, entre autres, la prise en charge par l'hypnose. Mais au juste, qu'elle est cette hypnose qui nous fascine ? Du « bluff » ou un véritable outil thérapeutique ? « Sûrement pas l'hypnose de théâtre » affirme le docteur Wood. « Il s'agit d'un accompagnement reposant sur une confiance réciproque. Un accompagnement permissif dans la mesure où il s'agit de montrer au patient ses propres ressources ».

 

Mais comment l'utiliser dans l'exercice médical ? Chantal Wood répond : « L'hypnose est une focalisation, une attention concentrée, qui permet une suspension d'orientation, de lieu et de temps. Elle autorise une sensation de relaxation mentale en créant une modification des perceptions chez l'individu ».

 

Pour ces raisons, l'hypnose peut être utilisée en réponse à la douleur aigüe ou à la douleur chronique. Mais savez-vous que la douleur n'est pas qu'une sensation ? Elle est aussi une émotion, non isolée…, liée au contexte et porteuse d'une signification associée. « Par l'hypnose, dit Chantal Wood, je cherche à ce que le patient soit en situation d'écoute, de l'alpha au bêta. On va donc chercher à inhiber l'inhibition à la douleur ». Vous suivez ? En fait, et paradoxalement, plus on a peur d'avoir mal et plus on aura mal. Nos attentes modifient en effet le vécu de la douleur. Il va donc falloir accomplir un travail sur notre mémoire, laquelle présente deux composantes : l'une implicite (inconsciente) et l'autre, explicite (consciente), lesquelles interviennent sur la douleur enregistrée. Et c'est par le contexte émotionnel que l'on va accéder à la mémoire

 

Les pilotes de la Patrouille de France sont en hypnose

Alors, comment cela va-t-il se passer dans le cadre du soin ? Le docteur Wood explique encore : « Tout d'abord, par une situation conversationnelle. Toujours. On aide le patient à se projeter dans le futur du geste. On s'appuie avec lui, sur un apprentissage ancien afin de l'aider à prendre le temps de se rééduquer. On ne lui laisse d'ailleurs pas le choix. Puis, par sa participation active au processus, le patient va mettre en place un amplificateur. Celui-ci, grâce à une attention et une distraction fortes, va lui permettre, en quelque sorte, de modifier son cerveau. On amène de ce fait, un changement. Le soignant, devenu éducateur, « motivateur » va aider le patient actif à développer ses propres ressources. Pour démystifier ce qui fait mal… »

 

L'hypnose participe ainsi à ce mouvement d'auto appropriation par un processus de renforcement. « C'est aussi admettre les 3 P de la prise en charge : le physique, le pharmacologique et le psychologique » assure notre médecin. L'être bio-psycho-social, en fait.

 

« Vous savez ! » interpelle Chantal Wood. « Les pilotes de la Patrouille de France, quand ils volent, sont en situation d'hypnose ». Tanguy et Laverdure le savaient-ils ? Pas sûr….

 

Et pour étayer son propos quant aux limites de la seule médication, Chantal Wood utilise la métaphore de la serpillière. En effet, « lorsqu'on aperçoit de l'eau couler sous la porte, l'on peut être tenté de s'en réduire à y placer une serpillière. Cela ne serait sûrement pas suffisant ! »

 

En bref, le dessein pour chacun d'entre nous, serait de pratiquer l'auto hypnose, à savoir être capable d'activer soi-même les mécanismes de sa propre prise en charge. « Oui ! Faites-vous du bien » a même conclu Chantal Wood. 

 

Thierry Tible, pour le Populaire.fr