Des infirmiers formés à l'hypnose au centre hospitalier Jacques-Cœur

Publiée par Laurence Laval pour LaMontagne.fr

 

Des professionnels du centre hospitalier sont formés à l’hypnose médicale, utilisée en complément des autres techniques d’anesthésie.

L'hypnose médicale au centre hospitalier Jacques-Coeur à Bourges, « c'est une philosophie, nous en avons construit le socle », affirme Thierry Chaumeron, médecin anesthésiste. Il est pour, « à fond », comme la cadre d'anesthésie Isabelle Leguay. Et l'équipe d'anesthésie, qui a reçu une sensibilisation, est motivée. « Cela a changé la façon de prendre en charge les patients. »

L'objectif est de déconnecter le patient de la réalité

Dans le bloc, deux infirmiers anesthésistes ont été formés. L'hypnose est utilisée comme un outil, en complément des autres techniques d'anesthésie. « Les patients sont vus préalablement, lors de l'examen préopératoire, par le médecin anesthésiste et c'est là qu'on leur proposera un complément par l'hypnose. Lors de l'opération, il faut être prêt à passer à une anesthésie générale à tout moment si nécessaire. C'est la sécurité avant tout », explique Frédéric Renon, infirmier anesthésiste, formé en hypnose (*).

 

« Nous avons quelques patients qui demandent s'il est possible de bénéficier de cette technique, car le bouche-à-oreille commence à se faire ; les gens sont satisfaits », ajoute Isabelle Leguay, précisant qu'à l'hôpital, l'hypnose n'en est qu'à ses balbutiemen

Cette technique n'a rien à voir avec l'hypnose de spectacle ! « Le but est de déconnecter le patient de la réalité. Les actes pratiqués ensuite ne sont en général pas douloureux mais désagréables. La technique est d'éloigner le patient de l'imaginaire, de modifier les perceptions liées à des émotions, en utilisant la voix, les gestes, le tempo ou, avec les enfants, le jeu », explique Frédéric Renon. L'infirmier anesthésiste utilise les ressources des patients pour les « endormir ». Il parle de leurs passions. C'est l'hypnose conversationnelle.

Moins d'effets secondaires

« Les résultats de l'hypnose se font ressentir en salle de réveil : il y a moins d'effets secondaires, moins de prémédication. Le patient garde moins de mauvais souvenirs du bloc aussi, c'est important s'il doit y revenir un jour », insiste le médecin.

 

« Du coup, dans le bloc, la communication s'est également améliorée. Les soignants font attention, ne disent plus "ne bougez plus", "je vais piquer", "ça va faire mal" ou "ça va être froid" », précise Isabelle Leguay.

 

Des examens peuvent être réalisés sous hypnose médicale, comme des endoscopies digestives (coloscopies, fibroscopie, etc.). « Nous avons réalisé quelques opérations ophtalmologiques comme une vitrectomie ; lors d'un accouchement aussi, l'hypnose peut être utile pour la pose de péridurale, qui est un geste compliqué, ou pour l'épisiotomie. Même pour la césarienne il peut y avoir un accompagnement. » Mais pour Thierry Chaumeron, « l'hypnose pourrait être utilisée en chirurgie de surface, en ORL, pour une chirurgie de la thyroïde ou une chirurgie mammaire, dans le cas d'une petite tumeur du sein. C'est accessible mais nécessiterait une équipe formée plus importante. L'hypnose prend de plus en plus de place. Il en est question à chaque congrès des anesthésistes. Elle est un outil de sédation, avec les anesthésies loco-régionales et les anesthésies générales », estime le médecin.

 

Pour l'infirmier qui pratique, « si on ne décèle pas la nécessité de l'hypnose, on ne la propose pas. Ce n'est pas truc exotique. C'est un nouvel outil, utile et intéressant. »

 

Le centre hospitalier de Bourges porte le projet. Un troisième infirmier est en cours de formation à l'hypnose médicale. 

 

(*) Il a un diplôme universitaire d'infirmier anesthésie hypnose et suit régulièrement des formations.