La dialyse pratiquée sous hypnose en Auvergne

Depuis quelques mois, les insuffisants rénaux peuvent bénéficier, grâce à l’Aura Auvergne, d’une nouvelle thérapeutique. L’hypnose pour plus de bien-être lors de la dialyse.

Article relayé par lamontagne.fr par Michèle Gardette.

« Fermez les yeux, détendez-vous, respirez profondément, vos narines sentent déjà le goût salé de la mer… ». La détente s’installe rapidement. La patiente est apaisée, en confiance. Le médecin est à l’écoute. La complicité évidente.

 

Depuis quelques mois, une initiative pilote est mise en place à Clermont-Ferrand au sein de l’Aura, sur l’un de ses seize sites en Auvergne et dans la Nièvre. 


Il s’agit en effet d’un des rares centres de dialyse en France comptant une vingtaine de personnels formés à l’hypnose médicale. Aides-soignantes, infirmières, cadres de santé, médecins, chirurgiens et anesthésistes composant toute la chaîne du traitement de l’insuffisance rénale (la dialyse) ont été formés depuis décembre dernier.

« L’hypnose permet de se remettre en empathie naturelle avec le patient »

« L’objectif est d’améliorer la qualité de vie du patient », explique le docteur Maewa Wong Fat, néphrologue à l’Aura et initiatrice de ce projet. L’insuffisance rénale est une maladie qui comprend plusieurs contraintes. Horaires tout d’abord – trois dialyses par semaine à raison de 4 heures d’immobilisation environ –, diététiques ensuite et enfin le ressenti de la douleur à l’entrée en dialyse.

 

« Mieux comprendre l’insuffisance rénale, maladie silencieuse au départ, c’est mieux vivre la maladie », explique le médecin. Ainsi, les infirmières parlent, expliquent au patient la maladie, et sont à même de détecter une éventuelle appréhension. Elles peuvent désormais proposer l’hypnose pour, dans un premier temps, faire baisser cette angoisse.

 

 

 

« L’hypnose n’a rien d’une manipulation mentale ; au contraire, elle se fait avec le patient dans un but précis et éthique », souligne Maewa Wong Fat. L’hypnose n’est pas non plus un état de sommeil. « C’est un état de conscience modifiée permettant de détourner l’attention du patient d’un soin qui peut être désagréable vers un moment agréable choisi par lui ». Au-delà de cette communication thérapeutique, l’hypnose formelle va entraîner un changement de perception.

Empathie

In fine, pour les insuffisants rénaux en dialyse qui choisissent d’avoir recours à l’hypnose, il s’agit bien d’améliorer leur confort, leur bien-être. Au-delà, « l’hypnose permet de se remettre en empathie naturelle avec le patient, de recréer une relation avec lui et de retrouver une relation humaine ». 

 

Hémodialyse.  La dialyse permet d’épurer le sang de ses déchets toxiques et de l’eau retenue en excès du fait de l’arrêt du fonctionnement des reins. Pour ce faire, le patient est relié à une machine. L’hémodialyse impose donc un accès vasculaire permanent ou fistule artéro-veineuse, généralement au niveau du bras. Elle est créée chirurgicalement en connectant une artère et une veine du bras.

Des innovations made in Aura Auvergne 

L’Association pour l’utilisation du rein artificiel Auvergne traite 600 personnes insuffisantes rénales en dialyse sur ses 16 unités réparties sur l’Auvergne et la Nièvre et 20 patients en HAD (hospitalisation à domicile).

 

Rechercher les conditions optimales de traitement adapté à chaque personne est un objectif essentiel pour l’Aura. Ainsi, l’association multiplie les innovations. Pour exemple, elle accompagne les patients dialysés de façon ludique et conviviale dans leurs modifications d’alimentation en raison de la dialyse en mettant en place des ateliers cuisine en partenariat avec le lycée hôtelier de Chamalières. Elle propose aussi le pédalage en dialyse afin d’associer une activité physique bénéfique tant sur le plan musculaire que mental durant le temps de l’hémodialyse. Enfin, l’une des dernières innovations de l’association : l’hypnose en dialyse pour mieux vivre le traitement. 

 

Hypnose.  L’hypnose se définit par un état de conscience « modifié » qui ne correspond ni au sommeil ni à l’état d’éveil habituel. Il n’y a donc, dans l’hypnose, aucun risque à ne pas se réveiller, comme on le craint communément. On parle d’éveil élargi car en hypnose on accède plus facilement aux émotions et aux souvenirs inconscients.

 

Hypnose médicale.  Selon le courant actuel (La Salpêtrière), l’hypnose est un processus composé de trois phases : une phase d’induction obtenue par fixation sensorielle ; de détachement, décrite comme une dissociation et une phase d’ouverture appelée perceptude. Depuis 20 ans, l’hypnose s’est développée dans les hôpitaux et s’apprend à travers plusieurs diplômes universitaires. L’hypnose va aider le patient à affronter une difficulté dans un état de concentration élargi, favorable à des changements accrus. Il fait ainsi appel à ses ressources internes, pouvant alors trouver seul la solution. On parle aussi d’auto-hypnose.

 

Histoire.  L’hypnose est une des premières méthodes d’abord psychothérapeutique. Les Égyptiens l’utilisaient déjà ! L’âge d’or de l’hypnose se situe vers 1885 avec le docteur Charcot et ses célèbres « Leçons du mardi » à la Salpêtrière (1920). Freud y est même venu se former. « 1, 2, 3 vous dormez ! » : Il pratiquait une hypnose directive, tombée peu à peu dans l’oubli (sauf dans les spectacles à l’instar du fascinateur Messmer). Puis, dans les années 60, Milton Erickson développe le concept d’une hypnose plus respectueuse de ce que peut apporter le patient. C’est elle qui a aujourd’hui généralement cours en médecine.