La médecine sous hypnose s'est généralisée à l'hôpital Riquet

Cela fait onze ans que les équipes médicales de l'hôpital Pierre Paul Riquet utilisent l'hypnose dans le cadre de certains soins. Une pratique aux multiples bénéfices, à l'ampleur grandissante.

Si pour vous hypnose rime avec magie et ésotérisme, alors ce qui va suivre devrait vous faire changer d'avis. Car les applications de l'hypnose sont des plus nombreuses et son efficacité est désormais médicalement reconnue. À tel point que depuis quelques années, nombre d'hôpitaux français l'ont inscrite dans leurs pratiques de soins. À Toulouse, Martine Quintard, infirmière anesthésiste au sein de l'hôpital Pierre Paul Riquet, a participé à sa mise en place il y a onze ans. « J'ai utilisé l'hypnose aux urgences. Les médecins ont vu son intérêt, notamment dans la diminution de la douleur au cours de réductions de luxations ou en cas de fractures. C'est comme ça que le travail avec l'algodystrophie est né », explique l'infirmière anesthésiste.

 

L'algodystrophie est une pathologie se caractérisant par des douleurs importantes localisées au niveau d'un membre et accompagnées d'œdème et de raideurs articulaires. Elle survient après un traumatisme ou une intervention opération chirurgicale, parfois spontanément. Malgré les antalgiques et les séances de kinésithérapie, cette pathologie aux conséquences lourdes est pour le moment difficile à prendre en charge. Lors des séances, en lien avec un kinésithérapeute, l'hypnose a montré son utilité.

Des patients aux prises avec leurs émotions

« L'hypnose permet de diminuer la douleur au cours des soins, parfois de 50 %. Par ailleurs, elle fait ressurgir des émotions. Il n'est pas rare de voir des patients en pleurs ou verbaliser un épisode douloureux de leur vie lors des séances », explique la soignante. Il ne s'agit pas d'un endormissement comme beaucoup le croient, mais d'un état modifié de la conscience. « Nous travaillons sur l'imaginaire, les sensations du corps et participons ainsi à une focalisation particulière de l'attention du patient. Le cerveau ne pouvant pas être focalisé sur ce qui est dit et sur ce qui est fait, cela facilite la réalisation des soins ». Bien souvent, les bénéfices du travail de kinésithérapie passive réalisé pendant la séance d'hypnose perdurent dans le temps précise Nathalie Collin kinésithérapeute.

 

 Inscription Hypnothérapeutes

 

Au sein de l'hôpital, l'hypnose est aussi utilisée dans le traitement de la douleur chronique. L'intérêt pour la pratique est grandissant, et «de plus en plus de soignants se forment », note Martine Quintard.

Majida : « Se laisser aller ... »

Il y a cinq ans, Majida, 60 ans, a eu un cancer du sein. « Lors de mon rendez-vous avec l'infirmière de la clinique Médipôle Garonne, j'avais eu un dossier m'informant qu'un anesthésiste hypnotiseur était présent au bloc, explique-t-elle. J'avoue que je ne connaissais que très peu cette pratique. J'avais bien sûr suivi des émissions à la TV mais pour moi, c'était un peu du charlatanisme ». Le jour J, Majida accepte tout de même d'être sous hypnose, « le médecin me rassurait ». En salle d'opération, l'anesthésiste hypnotiseur commence à lui parler de tout et de rien, «de mes rêves, de mes passions. Je répondais un peu dans le vague. Je me laissais porter. Je ne me rendais pas très bien compte que j'étais sous hypnose ». Cette patiente va alors assister à l'opération du début à la fin « j'entendais tout sans jamais rien ressentir de la douleur. C'était à la fois fantastique et inquiétant ». De retour dans sa chambre, Majida se sentait très bien, «je n'ai rien ressenti des effets secondaires liés à l'anesthésie, (nausées, vomissements). À l'inverse des autres patientes ». Si Majida est désormais assurée des bienfaits de cette méthode, elle ignore si elle pourrait recommencer «si c'était le même médecin, je le referai. Il faut avoir confiance pour se laisser aller à l'hypnose. C'est essentiel ».

 

« Il n'est pas rare de voir des patients en pleurs ou éclatant de rirelors des séances».

Martine Quintard, infirmière anesthésiste au sein de l'hôpital Pierre Paul Riquet de Toulouse.

Le chiffre : 11

11 ans de pratique. Cela fait onze ans que l'hôpital Pierre Paul Riquet utilise l'hypnose. Elle est notamment utilisée dans le cas des douleurs chroniques et de l'algodystrophie, ces douleurs articulaires survenant après une opération.

 

Article relayé par rédaction de ladepeche.fr

 

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