Lyon: La réalité virtuelle au service des patients pour les aider à réduire leur stress

Le centre anti-cancéreux Léon-Bérard de Lyon est l’un des premiers à avoir utilisé des casques de réalité virtuelle pour réduire l’angoisse de ses patients avant une lourde opération…

  • Entre mai 2016 et mars 2017, plus de 500 patients du centre Léon-Bérard ont expérimenté la réalité virtuelle avant une lourde opération.
  • 60 % d’entre eux reconnaissent que leur stress a diminué.

 

Encore ensuqué, Maxime confesse d’une voix lente qu’il a « piqué du nez ». Le jeune homme de 32 ans, soigné au centre anti-cancéreux Léon Bérard (CLB) de Lyon, s’apprête à passer sur la table d’opération d’ici quelques minutes. En attendant, le patient a bénéficié d’une séance de réalité virtuelle.

 

Le CLB est le premier centre en France à avoir eu recours à cette technologie pour réduire l’anxiété de ses malades avant de passer au bloc opératoire. Entre mai 2016 et mars 2017, plus de 500 patients l’ont expérimenté. Allongé sur un fauteuil, casque sur les yeux, Maxime s’est endormi au bout d’une dizaine de minutes. Les images plus vraies que nature en trois dimensions et à 360 degrés lui ont permis de s’immerger sereinement dans les fonds marins. Une alternative à la prémédication et aux médicaments sédatifs et anxiolytiques.

Programme d’auto-hypnose

« La bande sonore explique comment se détendre, comment relâcher ses jambes et se concentrer sur sa respiration sans chercher à la modifier », explique le jeune homme. Pendant ce temps, ses yeux suivent une baleine au fond de l’océan. Les mouvements de queue du cétacé vont rapidement lui faire lâcher prise.

 

« L’innovation n’est pas dans l’utilisation du casque, elle concerne l’application car il s’agit d’un programme d’auto-hypnose, note le professeur Hervé Rosay, à l’origine de ce projet, élaboré avec la start-up belgo-américaine Oncomfort. En temps normal, l’hypnose est prodiguée par un médecin ou une infirmière. Mais ils ne sont pas toujours disponibles au moment où l’on a besoin d’eux ». A Léon-Bérard, qui reçoit en moyenne 30.000 patients en hospitalisation par an, 30 à 40 salariés sont formés à l’hypnose. Ce qui reste malgré tout insuffisant.

 

Des séances de vingt minutes

« Cette pratique nécessite également d’être en forme et épuise le praticien. Elle demande de se plonger dans un état de transe ou du moins dans une phase analogue au sommeil. Les personnes habilitées à recourir à l’hypnose ne peuvent pas faire plus de deux séances par jour », poursuit le professeur. Et d’ajouter : « L’avantage de la méthode virtuelle est de pouvoir soulager le personnel soignant et traiter un plus grand nombre de patients ». Les séances durent en moyenne 20 minutes et peuvent aller jusqu’à 50 minutes pour les personnes les plus anxieuses.

 

Isabelle, infirmière, a été formée à l’hypnose il y a quelques mois. Elle salue cette initiative qui apporte selon elle « que du positif ». « C’est un petit geste supplémentaire, une façon d’apporter aux patients de la bienveillance. La plupart du temps, leur anxiété diminue grandement ». 60 % des patients affirment être trois ou quatre fois moins angoissés à l’issue de la séance et 30 % en moyenne finissent même par s’endormir.

 

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« Meilleur vécu pour le patient »

« On sait qu’il y a un meilleur vécu pour le malade. Si on arrive à réduire son angoisse avant une opération, on va de fait diminuer la douleur pendant une intervention mais aussi après. Le patient sera moins hypersensible », rapporte Hervé Rosay.

 

D’abord utilisée en chirurgie ambulatoire, la réalité virtuelle est aussi préconisée dans les soins intensifs des grands malades. « On commence à s’en servir pour la gestion de la douleur, avant par exemple de faire des pansements douloureux sans anesthésie ou avant certaines biopsies, » poursuit le professeur.

 

« Ce sont des solutions onéreuses mais qui apporte un vrai plus dans les traitements. » Le centre Léon-Bérard possède actuellement deux casques, d’une valeur de 700 euros, chacun (avec sacoche, écouteurs et smartphone) auxquels il faut rajouter entre 3.000 euros par an pour la licence de l’application. « Ça ne va pas guérir un cancer mais cela participe grandement au bien-être des malades », conclut Hervé Rosay.

Article relayé par Caroline Girdon pour la rédaction de 20Minutes.fr

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