Poker : l'hypnose à votre service

 

 

 

L'hypnose est à la mode et le poker n'y échappe pas. Thérapie ou attrape-nigaud ? Panacée ou poudre de perlimpinpin ? Entretien avec un hypnothérapeute.

Article relayé sur LePoint.fr 

 

Depuis quelque temps, Rémy Épinoux s'est fait un nom dans le monde du poker. Pas en tant que joueur, mais comme coach. Cet hypnothérapeute de profession s'est penché sur le cas des joueurs de poker, et il leur apporte des solutions à quelques-uns de leurs problèmes afin de leur permettre de mieux jouer. Entretien.

On parle beaucoup d'hypnose en ce moment, ce qui suscite toujours des doutes. Quelle est la part de faux et de vrai ?

Il y a deux formes d'hypnose : l'hypnose de spectacle, pratiquée par des gens comme Messmer à la télévision, et l'hypnothérapie, que je pratique. La première est très superficielle, elle est rapide, et son seul but est de divertir. Ce qui fait que des gens doutent, c'est que c'est très spectaculaire, mais cela ne fonctionne que sur peu de sujets. Ils sont préparés et testés avant le tournage. Il n'y a pas de supercherie. Simplement, c'est un spectacle. L'hypnothérapie, elle, a pour but de traiter différentes problématiques d'un client : addictions, anxiété, confiance et estime de soi, stress-anxiété, peurs-phobies.

On dit souvent que tout le monde n'est pas réceptif. Est-ce vrai ?

Non, c'est faux. En hypnothérapie, 100 % des patients peuvent être hypnotisés. Ce qui entretient ce mythe, c'est l'hypnose de spectacle, qui a un taux d'environ 25 % seulement.

En quoi cela consiste-t-il exactement ?

Il s'agit de contourner la barrière du conscient afin d'interagir directement avec l'inconscient pour redonner plus de liberté à l'individu et ainsi lui permettre de mettre en place un changement durable en accord avec son inconscient. Les peurs, les angoisses, les addictions, ce sont des choses que l'on adopte avec le temps, mais l'on ne naît pas avec. Il est donc possible de s'en défaire.

 

L'hypnose se rapproche d'un état naturel que chacun de nous rencontre plusieurs fois par jour quand il est absorbé par une activité : en écoutant de la musique, en lisant un livre, en rêvassant, etc. Il y a ce moment où on est totalement dans ce qui nous est proposé et où plus rien n'existe autour. Et l'idée de l'hypnose est d'arriver à un état similaire grâce à la communication orale, la désorientation des sens, en provoquant la confusion. On arrive ainsi à ce que l'on appelle « l'état modifié de conscience », et là, le travail thérapeutique peut débuter.

"Je permets à des joueurs de jouer leur meilleur jeu tout en restant concentrés."

En quoi êtes-vous utile aux joueurs de poker ?

Le domaine principal est le « tilt » : c'est un état d'énervement, parfois imperceptible, qu'un joueur ressent lorsqu'il a perdu un ou plusieurs coups. Une fois en tilt, le joueur va commettre des erreurs de jugement plus ou moins grossières qui peuvent lui coûter beaucoup d'argent. Le combattre par l'hypnose est très efficace.

 

Dans le même genre, un professionnel qui connaît une longue période difficile va perdre confiance en son jeu, en sa capacité à gagner de nouveau. Il peut enchaîner les tournois sans jamais rien gagner, et il est très dur d'aborder une nouvelle partie avec un esprit positif.

 

 

 

Là aussi, j'apporte mon aide. Je permets à des joueurs de jouer leur meilleur jeu en restant concentrés pendant de longues périodes, en leur évitant que la qualité de leur poker décline. Les effets de la fatigue se font moins sentir. Enfin, je travaille une piste intéressante et très novatrice : lorsqu'un joueur est confronté à une décision difficile, il fait dans sa tête une série de calculs très complexes qui prennent plusieurs dizaines de secondes et, à chaque fois, le fatiguent. S'il parvient à faire ces calculs en passant par l'inconscient, il gagne du temps, car cela devient plus naturel, plus instinctif.

Comment procédez-vous ?

Je n'ai pas besoin d'être physiquement présent. En général, mes séances se déroulent via Skype. Il faut trois à cinq séances pour obtenir des résultats concluants.

Peut-on imaginer qu'un joueur ayant reçu une formation à l'hypnose puisse manipuler d'autres joueurs au cours d'une partie ?

En théorie, oui, cela s'appelle l'hypnose conversationnelle. Mais il y a de nombreux obstacles. En premier lieu, il faut que ce soit très discret, le conscient ne doit pas s'en rendre compte. Ensuite, entre adversaires au poker, par défaut, on n'a pas confiance en l'autre, donc on se livrera moins facilement.