Sevrage tabagique : l’apport de l’hypnose

Les français sont de plus en plus nombreux à se tourner vers l’hypnose pour arrêter de fumer. Une méthode efficace qui s’adresse à tout le monde mais qui doit être pratiqué par un spécialiste. Le Docteur Jean-Marc Benhaiem, médecin hypnothérapeute, nous explique le mécanisme à l’œuvre et la manière dont cette pratique encore mystérieuse peut nous aider à en finir pour de bon avec le tabac.

Le sevrage tabagique est aujourd’hui l’un des premiers motifs de consultation dans le cabinet des hypnothérapeutes. Efficace, de l’ordre de 70 % après un mois le taux de réussite baisse néanmoins à 45% à 6 mois, l’hypnose permet d’arrêter de fumer parfois après seulement une seule séance.

 

Qu’est-ce que l’hypnose ?

L’hypnose est un état dans lequel on se met pour modifier sa perception. Elle permet d’accéder à une perception élargie. Dans le cas du sevrage tabagique il s’agira pour l’individu de dépasser la sensation de plaisir procuré par la cigarette. Passer de : «Fumer me donne du plaisir et me fait du bien » à  « Cela me blesse et a des conséquences néfastes sur mon corps ».

Lorsqu’une personne arrête seule, elle pratique en quelque sorte l’autohypnose en modifiant d’elle-même sa relation à la cigarette. Contrairement à une idée reçue, l’hypnose ne fonctionne pas que sur les « petits fumeurs », au contraire. Les gros fumeurs sont en général allés tellement loin dans la souffrance qu’ils sont alors encore plus écœurés que les autres lorsqu’ils arrêtent de fumer et c’est le corps qui va lui-même rendre ce sevrage supportable en boostant la production d’endorphine.

 

Une démarche volontaire : la clé de la réussite

Plus encore que les autres méthodes de sevrage tabagique, l’hypnose nécessite un investissement total du patient. La personne doit être impliquée et surtout réellement désireuse d’arrêter de fumer. Le simple fait de consulter et d’être dans une démarche positive constitue déjà une part importante du chemin. Il s’agira ensuite pour l’hypnothérapeute d’amplifier le mouvement, l’envie de changer initié par la personne. Celui qui vient a déjà franchi une étape primordiale et mis la peur de côté, ne redoute pas la privation.

 

Le déroulement d’une séance

Le praticien reçoit toujours le patient une première fois en tête à tête pour un premier entretien. L’hypnose utilise ce qu’exprime le patient pour l’aider et l’idée n’est pas d’entrer en compétition avec les médicaments ou substituts. Certaines personnes ont besoin d’un support matériel pour se sevrer, timbre ou même cigarette électronique. Les séances d’hypnose peuvent ensuite se dérouler individuellement mais le résultat est souvent meilleur en groupe. Les exercices vont chercher à déterminer ce qui provoquera le déclic chez le patient. S’il dit : « Je n’aime pas cette dépendance » ou bien « Je ne peux plus supporter cette odeur », il faudra alors associer cette odeur à du dégout  et susciter une impression de lavage.

Il faut parfois aller puiser dans des réflexes désagréables ressentis dans le passé, comme l’enfant qui tousse et a les yeux qui piquent en présence de la cigarette. Il s’agira de réveiller ces réflexes anesthésiés. C’est le ressenti qui est à l’œuvre plus que la volonté. Pour que la personne s’éloigne de la cigarette, on pourra également lui rappeler une rupture amicale ou amoureuse : « Cette personne je l’idéalisais mais nous n’étions pas faits pour nous entendre et j’ai réussi à la quitter ». Le patient pourra alors faire la même chose avec la cigarette.

 

 

L’importance du suivi

Certaines personnes arrivent à arrêter de fumer en une seule séance et n’éprouvent ensuite plus le besoin de revenir. D’autres en revanche auront besoin de plus de séances. Il est également important de disposer d’un suivi médical afin de prendre en garde les  désagréments parfois inhérents au sevrage tabagique, qu’il s’agisse de constipation ou d’une dépression légère qui touche 8% des personnes qui arrêtent la cigarette. Il existe aujourd’hui une offre très nombreuse de soins et de formations. Il convient donc de vérifier que le praticien hypnothérapeute est bien un professionnel de santé qui a ajouté l’hypnose à sa pratique : médecin, sage-femme, infirmier, psychologue.

Merci au Docteur Jean-Marc Benhaiem, médecin hypnothérapeute. Il est l’auteur de Oubliez le tabac par l’hypnose ! (Albin Michel, 2005 ) et Zen et hypnose : 12 principes d’équilibre pour vivre heureux (La Martinière, 2016)