Unique en France : Montpellier explore le coeur des enfants malades sous hypnose

Le CHU de Montpellier, pionnier, présente une “première” au congrès national de cardiologie.

Quentin, 18 ans, Marie-Lou, 13 ans, Mohamed, 15 ans, Mayline, 11 ans... ces jeunes patients, suivis au CHU de Montpellier, seront les héros d'une communication originale, ce vendredi 29 septembre, au congrès de la Société française de cardiologie pédiatrique organisé au Corum de Montpellier.

 

Delphine Gélibert, manipulatrice radio, tirera un premier bilan de dix-huit mois d'échographies trans-oesophagienne sous hypnose, ou comment éviter une anesthésie générale pour explorer les valves cardiaques du cœur malade des enfants via une sonde envoyée depuis l'œsophage. Le CHU de Montpellier est le seul, aujourd'hui en France, à pratiquer ce type d'examen.

 

De mieux en mieux soigné

En France, 100 000 à 150 000 personnes souffrent de cardiopathie congénitale, une malformation du cœur grave mais de mieux en mieux prise en charge. 90 % des bébés touchés sont aujourd’hui susceptibles d’atteindre l’âge adulte. Les spécialistes sont réunis jusqu’à ce vendredi 29 septembre au Corum de Montpellier. 
 

Conscience altérée

“Je ne suis pas Messmer”, met immédiatement en garde Delphine Gélibert, qui définit la frontière qui sépare l'hypnose à grand spectacle, portée par le très médiatique “fascinateur”, d'une technique utilisée à des fins médicales dès le XVIIIe siècle.

 

 Inscrivez vous

 

Ni Messmer, ni “magicienne”, Delphine Gélibert plonge les enfants dans un état de “conscience altérée” en les faisant voyager dans un univers virtuel choisi en commun. Il permet d'amener une sonde de 10,6 mm de diamètre au cœur sans anesthésie ni médication, sans douleur ni traumatisme non plus pour un examen impressionnant de dix minutes.

 

La manipulatrice radio, formée en 2010, se souvient de son premier patient : “Je finissais ma formation, lorsque Pascal Amedro, le responsable de l'unité de cardiologie pédiatrique et congénitale, est venu me chercher. Il y avait des sceptiques, je l'étais moi-même au départ”, se souvient-elle, “convaincue après avoir été “bluffée” par l'expérience”. Depuis, douze enfants ont subi le même examen, un seul a demandé l'interruption du processus.

De l'audace

“On discute systématiquement avec les parents, ils sont en première ligne. On n'a eu aucun refus, l'anesthésie générale les stresse”, constate Delphine Gélibert. À elle d'amener ensuite les petits patients dans cet état de conscience modifiée qui favorise l'examen : “Je demande la permission d'entrer à l'inconscient de l'enfant, je choisis le chemin avec eux et je les accompagne dans un environnement sécurisant.” Un match de rugby, une sortie à cheval ou en vélo, une bibliothèque...

 

Une fois obtenue la phase de dissociation, la “transe hypnotique” qui amène à un univers mental sécurisé ou “safe place”, l'examen peut commencer. “À la fin, je leur demande leur ressenti, sur une échelle de douleur de zéro à dix, on est souvent à zéro”, constate Delphine Gélibert, invitée à communiquer sur l'expérience dans de nombreux congrès, une publication scientifique est également en cours.

 

“On a plein d'idées préconçues sur l'hypnose, le milieu médical s'ouvre de plus en plus. On fait aussi des biopsies, des infiltrations sous hypnose. Il faut prendre du temps, avoir de l'audace, ne pas avoir peur du ridicule”, raconte Delphine Gélibert, qui a le souvenir de matches de rugby virtuels épiques dans les salles d'examen.

 

Prochaine étape : étendre le procédé aux adultes pour le même examen, “très difficile et très anxiogène” sans anesthésie.

 

Article relayé sur MidiLibre.fr