Université : des ateliers
Du yoga à l’hypnose en passant par des conseils en nutrition, de plus en plus d’universités proposent des ateliers pour apprendre aux étudiants en santé à gérer leur stress. Une initiative bienvenue dans des filières où l’anxiété et le mal-être sont très présents.
En juin 2017, une étude menée à l’initiative de l’ISNI (InterSyndicale Nationale des Internes) révélait des chiffres inquiétants : 66,2 % des étudiants en santé et internes souffraient d’anxiété, et près d’un quart d’entre eux confiaient avoir déjà eu des idées suicidaires. Certains passent malheureusement à l’acte, comme dernièrement à Paris, Marseille ou Grenoble.
Ce constat inquiétant pousse les facultés et les établissements de formation en santé à proposer des solutions pour aider les futurs médecins, infirmiers ou aide-soignants à mieux gérer leur stress, dans un cursus où la pression est énorme.
Des personnels formés à la méditation
La première porte à laquelle frapper : les SSU (services de santé universitaire), dans lesquelles psychologues, infirmières et médecins généralistes sont à l’écoute. "Nous ne sommes pas des professionnels du bien-être, mais personnellement, je me suis formée à certaines techniques comme la méditation de pleine conscience", indique Catherine Tissier, infirmière au SSU de Poitiers.
Chaque jeudi, elle anime les ateliers "Des pauses", où elle propose des exercices pour travailler sur ses émotions. "Je fais parfois des séances individuelles et plus courtes pour les étudiants en PACES (première année commune aux études de santé), qui ont moins de temps disponible", précise-t-elle.
Des activités plutôt que des médicaments
"Mais lorsque ces ateliers sont trop étiquetés comme étant liés à la ‘santé’, cela peut freiner certains étudiants", tempère l’infirmière. Un constat que partage la directrice du SUMPPS (service universitaire de médecine préventive et de promotion de la santé) à Besançon, le docteur Corinne Lesueur-Chatot. C’est pourquoi son service s’associe régulièrement avec d’autres services de l’université.
Des ateliers d’eutonie et de gymnastique sensorielle, animés notamment par des professeurs du SUAPS (service universitaire des activités physiques et sportives), ont par exemple été organisés pour les étudiants en médecine lors de la rentrée de septembre. Et en mars, deux semaines de "Zen’étude" attendent les étudiants bisontins.
"L’objectif est de les amener, pour gérer leur stress, à pratiquer certaines activités plutôt que de prendre des médicaments", décrit Nora Zrida, responsable du bien-être sur le campus de Dijon, où le même genre d’ateliers ont été proposés par le SUAPS et la SMEREB, mi-mars.
Au programme de ces deux événements : yoga, massages, sophrologie, hypnose, ou encore conseils pour "apprendre à gérer ses grignotages" en Franche-Comté ; qi-jong, médecine chinoise, relaxation et méditationen Bourgogne.
Des activités à refaire chez soi
Si ces événements sont ponctuels, ils sont l’occasion de "donner aux étudiants des outils qu’ils puissent s’approprier et réutiliser de manière autonome", résume Corinne Lesueur-Chatot, certaines des activités étant proposées toute l’année dans le cadre du SUAPS. C’est dans la même optique que le tutorat de l’université de médecine de Montpellier a invité, pendant trois jours en janvier 2018, les étudiants en PACES à profiter de massages bien-être et de conseils pour gérer leur stress durant leurs pauses déjeuner.
"Il faudrait que de tels ateliers aient lieu toutes les deux à trois semaines", constate Romain Pons, vice-président du tutorat. À Tours, un groupe d'enseignants et de médecins propose justement des ateliers d'initiation à la méditation tout au long de l'année. Toutefois, cela reste une lourde organisation pour des associations qui disposent en outre de moyens limités, et s’appuient essentiellement sur du volontariat.
Et si le bien-être était inclus dans le cursus ?
À Poitiers, c’est l’université qui a donc pris en charge un événement semblable : un séminaire de trois jours, obligatoire pour tous les étudiants entrant en deuxième année de médecine. "Nous avons voulu adapter et condenser l’UELNESS (unité d’enseignement libre nutrition culture sport santé), à laquelle les étudiants en médecine n’ont pas accès", explique Laurent Bosquet, président de la chaire sport, santé et bien-être.
Les études de médecine n’incluent effectivement pas encore de cours pour gérer son anxiété. Et même si les initiatives des SUMPSS ou du SUAPS se multiplient, les étudiants en santé sont encore peu nombreux à y recourir : ils n’y pensent pas, n’osent pas ou simplement ignorent l’existence de telles initiatives. Pourtant, comme le constate Romain Pons, "le mal-être des étudiants en médecine pourrait être réduit si nous pouvions bénéficier d’un meilleur accompagnement".
Article relayé par Camille Jourdan de la rédaction de Letudiant.fr
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